« Catho de gauche », initié par Philippe Cibois, veut être un lieu de discussion se situant dans la continuité du livre de Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel, À la gauche du Christ (Seuil, 2012). Ce livre fait le constat que les catholiques de gauche « s’éteignent naturellement du paysage » (p.585). Ils sont donc soit décédés, soit partis sur la pointe des pieds. Comme le disait un commentaire du 6 février 2014 sur le site de Stéphanie Le Bars, journaliste au Monde : « La condamnation de la contraception par Paul 6 en 1968 fut pour moi un casus belli, je ne pouvais plus cautionner cette institution, depuis je m’affirme chrétien, sans plus ». Beaucoup ne s’affirment même plus chrétien mais « d’origine chrétienne » ou « sans religion ».
On peut comprendre cette attitude : pourquoi s’intéresser encore à une Église catholique dont l’idéal n’est pas d’annoncer l’Évangile mais le catéchisme, selon la formule de Frédéric Manns à propos des JMJ (Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation, Bayard, 2012, p. 17).
Les cathos de gauche ayant disparu, ceux qui restent ont changé d’attitude : ils éprouvent le besoin, comme les a invités le Cardinal Lustiger, de confirmer les vérités de leur foi et de les affirmer avec force. Cette attitude entraine des réactions dans la sphère sociale où des catholiques et éventuellement des évêques affirment leur attitude dans le champ public comme par exemple à propos du « Mariage pour tous » en 2013 ou de l’enseignement de la « théorie du genre » en 2014.
Au nom de quoi réagir ? On peut se désintéresser du problème, ce qu’on fait beaucoup de chrétiens de gauche. On peut aussi avoir envie de protester parce qu’on se sent non pas partie prenante de l’Église actuelle, mais des 2000 ans d’une Église qui ont marqué l’histoire. Pour que cette protestation ait des chances d’être entendue, il faut qu’elle ait une méthode cohérente avec son objet, ce qui suppose les points suivants :
– les questions touchant à la bioéthique et d’une manière plus générale la vie en société, s’appuient sur le droit naturel et relèvent donc de la discussion rationnelle qui utilise les connaissances scientifiques et la réflexion philosophique. Ces règles de discussion sont bien connues.
– la réflexion précédente est « surplombée » ou « animée » par la croyance de l’Église en ces matières : il est donc indispensable de s’appuyer sur cette tradition dans toute son extension pour en discerner l’apport. L’apport de l’Écriture ne peut se résumer dans le fait de parsemer un raisonnement de citations évangéliques mais doit prendre en compte l’ensemble de la visée chrétienne. De même citer les Pères de l’Église ou d’autres autorités ne peut se faire qu’en articulant leurs points de vue et l’ensemble de la vie de l’Église.
Les textes de ce carnet de recherche ont été orthographiés en suivant les recommandations du Conseil supérieur de la langue française approuvées à l’unanimité par l’Académie française le 3 mai 1990 et que celle-ci a souhaité, le 17 janvier 1991 soumettre « à l’épreuve du temps ». Ces modifications portent surtout sur des simplifications d’accent, absence d’accent circonflexe sur le i et sur le u et des régularisations, évènement comme avènement, mise du tréma sur la lettre qui doit être prononcée (ambigüité ou le u se prononce, contre fatigue où il ne se prononce pas)